banner



Coloriage Écarter Les Bras D'amour

Fabinou7

Fragments d'une critique.

A la lecture de ce livre, c'est le d�paysement, �tranger dans mon propre alphabet : j'aurais d� faire Roland Barthes en LV1.

Il y a un v�ritable � plaisir du texte � � d�couvrir ces fragments litt�raires originaux, � en appr�cier la concision alors m�me qu'ils rec�lent chacun leur petit monde en soi, et � d�v�tir au fur et � l'usure les mots qui composent le tumulte amoureux, jusqu'au Comblement ultime car � l'amoureux combl� n'a plus besoin d'�crire �.

Barthes dit refuser toute philosophie de l'amour, il ne veut d�montrer que son affirmation. Alors comment faire la lumi�re sur le sentiment amoureux lorsqu'on est soi-m�me concern� et que le lieu � le plus sombre est toujours sous la lampe � ?

� Qu'est-ce que �a veut dire, penser � quelqu'un ? �a veut dire l'oublier et se r�veiller souvent de cet oubli. � A partir des figures du langage, du discours, du soliloque de l'amoureux, Barthes entend reconstituer cet imaginaire anarchique, tributaire des incidents - qui sans cesse en menacent la valeur (comme � la Bourse) de d�pr�ciation � incidents que le sujet amoureux � (re)construisant � posteriori son aventure - nommera l'histoire d'amour.

Dans � Roland Barthes par Roland Barthes �, un autre ab�c�daire, biographique, le s�miologue �crivait � il est bon que, par �gard pour le lecteur, dans le discours de l'essai passe de temps � autre un objet sensuel �, c'est ce savant m�lange, servi dans une langue d'�crivain, entre la vie et la th�orie qui fait le charme iconoclaste du livre de Barthes.

Ces mots sont rattach�s � l'exp�rience de l'auteur, acquise au cours de ses lectures (Goethe, Sartre, Lacan, Brecht, le Zen...) mais aussi de ses conversations et tr�s pudiquement, de sa propre vie. Il se contente, pour tout indice sur le partenaire, d'un simple � il � ou � lui �.
Nous en savons peu sur la vie priv�e du grand intellectuel, adul� dans les ann�es soixante-dix. Entre histoires secr�tes vou�es � l'�chec, b�guins non r�ciproques, amours tarif�s et rejet physique des admirateurs de son oeuvre, notamment Herv� Guibert, auquel, bless�, il �crivit un fragment sp�cial. Tout au plus ai-je pu lire qu'un chagrin amoureux lui inspira la r�daction de cet ouvrage.

***

L'amoureux trouve l'objet de son �moi � Adorable � avec � l'id�e - l'espoir - que l'objet aim� se donnera � mon d�sir �, en le qualifiant vaguement de la sorte, il ne fait qu'essayer d'exprimer la sp�cialit�, l'unique de son f�tiche pour lui ; ou pour une partie de lui, � la coupe d'un ongle, une dent un peu cass�e en biseau, une fa�on d'�carter les doigts en fumant �.

Apr�s l'aveuglement vient l'Alt�ration, t�nue, infime, une parole, un geste que l'on n'aurait pas soup�onn� et qui fait tache dans la repr�sentation d�vote de l'Image de l'autre qui ne devient qu'un parmi les autres.
Souvent c'est par la d�couverte du d�sir de l'objet amoureux pour un tiers. L'autre en fait trop - et Barthes de citer Sade �je vis le foutre s'exhaler de ses yeux� (self explanatory).
D'un autre c�t� il arrive qu'au pr�texte de l'autre je d�sire tellement mon d�sir que cela conduise � l'Annulation de l'autre - le sujet �tant amoureux de l'amour.

Le sujet amoureux est encore celui qui Attend comme � un paquet dans un coin perdu de gare �, il est � disposition. Esseul� par la cigu� de l'Angoisse, le sujet amoureux met en sc�ne son attente, essaye de jouer � celui qui n'attend pas, � celui qui arrive en retard mais il est encore en avance� bref il est toujours perdant : � suis-je amoureux ? Oui puisque j'attends �.

� Une angoisse seconde me prend, qui est d'avoir � d�cider du degr� de publicit� que je donnerai � mon angoisse premi�re. � On passe son temps � Cacher sa passion � l'autre tout en voulant la lui faire sentir car on veut � �tre � la fois pitoyable et admirable �.
L'amoureux se pose des probl�mes de Conduite en dehors de toute logique : on lui donne un num�ro de t�l�phone et c'est l'ab�me ; doit-il t�l�phoner ou pas... aux faits succ�dent les signes � interpr�ter. � S'angoisser du t�l�phone : v�ritable signature de l'amour �, d�sormais on peut �galement s'angoisser par SMS, par facebook, par whatsapp, par instagram et leurs accus�s r�ceptions mortif�res� est-ce une d�multiplication de l'amour ou de l'angoisse ?

La D�claration, le bavardage et le baratin sur l'amour contiennent toujours une allocution secr�te. Quand on �frotte son langage contre l'autre�, quand on entretient ce fr�lage par des commentaires en apparence futiles - car les �v�nements du sujet amoureux sont souvent d'une grande platitude- en fait on dit �je te d�sire� car le langage est une peau et ce � co�tus reservatus �, ce marivaudage, est une invitation � l'acte d'amour.

L'autre devient l'objet de notre servitude (volontaire) jusqu'au d�clic. On en vient � � d�r�aliser � l'amour, revenir � la raison, et � se demander, un soir, dans le hall d'un h�tel, loin de chez soi �qu'est-ce que je fous l� ?�.

Le discours amoureux s'oppose � l'action, il est le r�cit mythologique, l�gendaire des �v�nements, embaum�s, fig�s des faits accomplis. Mais ce discours souffre de ne pouvoir s'�crire. ��crire sur quelque chose c'est le p�rimer�.

L'amoureux ne le sait pas encore mais il va errer d'amour en amour, de nuance en nuance reproduisant le m�me discours amoureux ou risquer de rejoindre le cimeti�re des �l�phants amoureux : la friendzone (Barthes parle de � la r�gion Amiti� �).

�Tout contact, pour l'amoureux, pose la question de la r�ponse : il est demand� � la peau de r�pondre�. Barthes analyse le passage, subrepticement, de l'�treinte, combl�e par la voix, le r�ve d'union totale, immuable, � l'heure des confidences sur l'oreiller, bref le c�lin au d�sir sensuel. Ce moment d'�ternit�, dans la pl�nitude de la tendresse re�ue et donn�e, presque maternelle, tout en sachant que le d�sir gronde sous les lattes, dans les draps, pr�t � surgir. Cet enlacement enfantin dans le creux des bras de l'�tre aim� fait place � l'adulte, l'amoureux, l'�tre d�sir�. Pour Barthes, ce passage de l'un � l'autre est incarn� par le dieu Eros : � un enfant qui bande. �

La jalousie ne prend pas uniquement le visage d'un amant (qu'il soit de la chine du nord ou celui de la rousse et dangereuse Jolene, que Dolly Parton supplie dans sa chanson de ne pas lui prendre son mari).
Elle est aussi dans les F�cheux, ces gens qui s'invitent � d�ner, ces loisirs trop prenants qui fissurent la dualit� exclusive, o� l'amoureux est contraint de partager l'autre avec le monde (et le mondain). On a envie de n'�tre qu'avec l'objet du sentiment amoureux, exclusivement, de s'exclure du monde, et finalement c'est un �double deuil, ce dont je suis exclu ne me fait pas envie.�

L'amoureux ne veut pas commettre de fautes, il pousse, par exemple, la crainte de la culpabilit� jusqu'� attendre sur le quai de gare que le train de l'autre parte en premier.

Le paradoxe de l'amoureux est qu'il clame triomphant qu'il conna�t l'autre mieux que quiconque alors m�me qu'il est au fond, Inconnaissable, il lui �chappe sans cesse, comme un savon sous la douche. Finalement d�clarer qu'on ne conna�t pas l'autre n'est-ce pas une fa�on de dire que l'on ne saura jamais ce qu'il pense vraiment de nous ?
L'amoureux accepte alors � d'aimer un inconnu � et de se contenter de le conna�tre par le plaisir ou la souffrance qu'il lui donne. de m�me que Werther tombe amoureux apr�s avoir appris les transports de la passion par un jeune valet, l'amoureux trouve son objet par Induction. Autrement dit, et par La Rochefoucauld, � il y a des gens qui n'auraient jamais �t� amoureux, s'ils n'avaient jamais entendu parler de l'amour �.

� Ne soyez plus angoiss�, vous l'avez d�j� perdu(e) �. L'amour c'est bien connu c'est aussi la Jalousie. L'amoureux souffre de devoir partager l'autre. Mais le partage est une perfection de caract�re comme Melite et Hyperion. Or, l'amoureux veut �tre parfait. Ainsi l'amoureux souffre non seulement du partage mais encore de son � impuissance � en supporter la noblesse �.

Et ces mots : � je t'aime �, pass�s le � premier aveu �, la fonction informative, ne veulent � plus rien dire �, ils sont � une figure dont la d�finition ne peut exc�der l'intitul� �, ils sont de l'ordre du cri. L'amoureux est tout en d�sir et ce d�sir s'�chappe comme une h�morragie dans la Langueur amoureuse des baisers sans fins.

L'auteur s'inscrit dans son �poque, les ann�es soixante-dix sont celles de la r�volution sexuelle et l'auteur d'affirmer que l'obsc�ne ce n'est plus la sexualit� mais la sentimentalit�. L'amoureux, conscient de sa b�tise, �prouve une solitude intellectuelle dans son sentiment. Car l'amour n'est plus � la mode dans la pens�e des ann�es soixante-dix, ce qui faisait dire � Barthes, sur le plateau de Bernard Pivot, que l'amoureux �tait dans une situation de solitude intellectuelle. Fran�oise Sagan �galement pr�sente sur le plateau d'Apostrophes d'ajouter qu'on peut faire l'amour � six sans prendre aucun risque, alors que tomber amoureux�
L'amoureux, s'il est un homme, souffrira �galement de l'incompatibilit� entre la virilit� et l'�loge des larmes de Schubert, fondatrices du mythe de la douleur : � Les paroles que sont-elles ? Une larme en dira plus. �

� Je le vis, je rougis, je p�lis � sa vue. Un trouble s'�leva dans mon �me �perdue. � Racine, Ph�dre. Si Barthes analyse longuement le � coup de foudre �, l'enamoration, le ravissement, il en oublie sans doute, pardonnez-moi, le coup de foutre.
La sexualit� n'est que sugg�r�e dans cet ouvrage et c'est sans doute un parti pris car on ne peut soup�onner Roland Barthes de chastet� et � sa d�charge, ce n'est pas dans le Werther de Goethe ni dans la litt�rature de l'�poque romantique en g�n�ral que l'on trouvera mati�re � ces consid�rations (m�me reproche qu'adressait, sur un m�me ton graveleux, Flaubert � Lamartine).

Barthes place chronologiquement la Rencontre au d�but, le �premier plaisir� o� l'on d�couvre, sur un coup de d�s, un autre soi-m�me, narrativement on se raconte, on rebondit, on a les m�mes go�ts. Peut-�tre, et cela me rappelle le mot de Susan Sarandon qui comparait les relations amoureuses � des organismes vivants en mutation permanente, pourrait-on lui opposer, et je vous pose la question chers babeliote, dans la mesure o� l'on change toute sa vie, est qu'on ne se rencontre pas � nouveau plus tard dans une m�me relation ?
Pour Barthes (c'est joyeux), l'amoureux qui ne se suicide pas a deux options : soit il transforme la relation en dialectique ; il garde l'amour mais abandonne l'hypnose ; soit il est condamn� � r�it�rer avec d'autres cette m�me �aventure� (le ravissement etc).
Je crois que c'est la limite du livre, l'amour qui � va bien �, qui entre dans cette dialectique et qui sort de l'hypnose de la passion n'a pas int�ress� Barthes. L'auteur assume d'autant plus qu'il cite Corneille, � l'imitation de J�sus Christ � :

� Et sans s'immoler chaque jour
On ne conserve point l'union fruitive
Que donne le parfait amour. �

L'amoureux peut croiser le fer lors de Sc�nes o� il tentera d'avoir le dernier mot. Oisive et luxueuse, la Sc�ne ne progresse pas, elle n'a pas de sens. Elle est surench�re. Qui n'a jamais ressenti le contraste entre l'�tat de col�re o� nous plonge une dispute et la futilit� du sujet � officiel � de la Sc�ne que l'on se joue ?

Pour �viter de se noyer dans la chasse aux signes, il faut s'en remettre au langage, � la communication et surtout tenir pour vraies les d�clarations. Puis vient le temps des souvenirs � l'imparfait, ces grains de m�moire, anamn�ses de ha�kus m�moriels. �L'imparfait est le temps de la fascination : �a a l'air d'�tre vivant et pourtant �a ne bouge pas�, c'est �le leurre �puisant de la m�moire�.

***

Litt�rairement parlant, dans une certaine mesure et jusqu'� un certain point, il y a un avant/apr�s Fragments d'un discours amoureux : on ne lit plus tout � fait les romans d'amour de la m�me mani�re, il y a une �bauche de grille de lecture, des conjonctions, des logiques et des r�miniscences qui sont comme tant d'exemples narratifs des fragments propos�s par Barthes.
Lisez-le et faites l'exp�rience ensuite avec vos lectures, parfois, comme un � pop-up � sur le net ou un murmure derri�re votre �paule, les mots de Barthes r�sonneront pour r�v�ler tel ou tel comportement des personnages.

Le discours amoureux, en d�pit de la vari�t� de nos exp�riences et personnalit�s, on s'y retrouve tous peu ou prou, prisonniers d'un unique langage, nous conjuguons nos r�alit�s avec les m�mes accords. Finalement, nous pouvons conclure, avec Roland Barthes que � le vrai lieu de l'originalit� n'est ni l'autre ni moi, mais notre relation elle-m�me. C'est l'originalit� de la relation qu'il faut conqu�rir. �

Qu'en pensez-vous ?

+ Lire la suite

LesPetitesAnalyses

La langue grecque ancienne avait une manne de mots pour d�signer les variations de l'amour. Si vous vouliez jaser sur la passion et l'attirance physique, il suffisait de fouiller dans le r�servoir des vocables de l'�poque et de sortir �ros. Les sentiments d'amiti�, quant � eux, �taient synonyme de Philia tandis que Agap� d�signait l'amour d�sint�ress�, le vrai, l'inconditionnel ! Ainsi, on d�nombre plus de huit noms grecs pour �voquer l'amour dans toute sa diversit�.
Deux mill�naires et des poussi�res plus tard, le champ lexical amoureux s'est �tonnement transform� en une foultitude de n�ologismes : polyamour, sapiosexuel, liker, matcher, sexting, etc. Ces nouveaux mots (d�j� d�mod�s ?) en disent long sur notre mani�re de voir l'amour au XXI�me si�cle. Nous sommes lib�r�s et emprisonn�s � la fois. L'union libre a la cote mais les personnes ne sont jamais senties aussi seules. Nous arborons nos pr�f�rences tels des �tendards avec l'intention d'�tre, chacun, pleinement soi mais ces fanions sont aussit�t r�cup�r�s � des fins mercantiles qui, bien souvent, nous �chappent. Tel est le paradoxe de notre �poque.
En 1977, paraissait Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes. Un essai singulier sur les ressentis de l'�tre amoureux. Sans doute, ce livre, a-t-il encore des choses � nous apprendre au sujet de l'amour ? Analyse.
Tout livre repose d'abord sur une structure plus ou moins d�finie et celui-ci ne d�roge pas � la r�gle puisqu'il en a une tout � fait particuli�re. Tel un ab�c�daire, Roland Barthes a choisi de s'�pancher sur le langage amoureux au travers de mots-cl�s qu'il appelle des figures. Chacune d'entre elles a son propre chapitre, lui-m�me agenc� d'une mani�re originale puisque l'auteur d�finit une figure avant de partir dans des r�flexions tous azimuts qui prennent pour point de d�part une oeuvre litt�raire, une philosophie, un po�me, une sociologie ou simplement une conversation intime de l'entourage de l'auteur. Cela peut para�tre foutraque � premi�re vue mais Roland Barthes cite ses sources de r�flexion directement dans la marge ! Ainsi, le lecteur suit les p�r�grinations de l'auteur tout en sachant directement � quoi elles se rapportent.
Il faut, certes, avoir un minimum de connaissances pour que chaque r�flexion fasse sens puisque Barthes n'h�site pas � aller voir du c�t� de Goethe, Baudelaire, la philosophie Zen, Freud, Lacan ou encore Bu�uel afin d'expliciter son propos. Fragments d'un discours amoureux est une oeuvre dense, et c'est sans doute l'originalit� de sa structure qui la rend plus digeste.
Le discours ?
Toute personne ayant d�j� �t� amoureuse sait que les effets de ce sentiment sont tel un feu d'artifice pour l'esprit et le corps. �tre amoureux, c'est exp�rimenter des chamboulements int�rieurs ; � partir d'un presque rien, vous voil� lanc� � toute vitesse sur les montagnes russes des �motions. Et c'est � ce moment pr�cis que Roland Barthes approche sa loupe et passe en revue la mani�re dont la personne amoureuse est �branl�e.
Nous avons beau nous sentir plus �volu�s que nos pr�d�cesseurs et scander que l'amour a chang� de forme, la m�canique amoureuse, elle, reste identique. Rencontre, magie, d�r�alit�, ravissement, ou encore jalousie sont autant de fragments que l'auteur passe au filtre d'une analyse qui fait mouche :
� En pleurant, je veux impressionner quelqu'un, faire pression sur lui (� Vois ce que tu fais de moi �). Ce peut �tre � et c'est commun�ment � l'autre que l'on contraint ainsi � assumer ouvertement sa commis�ration ou son insensibilit� ; mais ce peut �tre aussi � moi-m�me : je me fais pleurer, pour me prouver que ma douleur n'est pas une illusion : les larmes sont des signes, et non des expressions. Par mes larmes, je raconte une histoire, je produis un mythe de la douleur, et d�s lors je m'en accommode : je puis vivre avec elle, parce que, en pleurant, je me donne un interlocuteur emphatique qui recueille le plus �vrai� des messages, celui de mon corps, non celui de ma langue : � Les paroles, que sont-elles ? Une larme en dira plus. �
Si Fragments d'un discours amoureux devait �tre class� dans une cat�gorie de livres, il serait assur�ment sur l'�tag�re des essais psychologiques puisque Barthes fait souvent appel � cette discipline pour expliquer les diff�rents ph�nom�nes qui bouleversent la personne amoureuse.
En conclusion, cet ouvrage, loin d'�tre p�rim�, continue d'apporter un �clairage sur le fait amoureux. Il se lit tel un ab�c�daire dans lequel on irait piocher ce qui nous int�resse au gr� de nos envies. Apr�s l'avoir lu une premi�re fois, il y a plus de dix ans, je suis toujours aussi surpris de l'acuit� avec laquelle Roland Barthes d�crypte l'�tre amoureux. Un classique qui se d�guste mieux au fur et � mesure que les ann�es passent.
Lien : https://lespetitesanalyses.c..

+ Lire la suite

LiliGalipette

"La n�cessit� de ce livre tient dans la consid�ration suivante: que le discours amoureux est aujourd'hui d'une extr�me solitude. Ce discours est peut-�tre parl� par des milliers de sujets [...], mais il n'est soutenu par personne." (p. 5)
Pourquoi faire un r�sum� imparfait quand l'introduction est si claire? le texte pr�sente les �tats du l'�tat amoureux au travers du langage qui les sanctionnent. Il y a des jolies r�flexions. "Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l'autre. Comme si j'avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de d�sir." (p. 87)
J'ai �t� un peu irrit�e par la similitude syst�matiquement point�e entre la figure de l'aim� absent et la r�miniscence de l'abandon par la M�re. Freud n'est pas ma tasse de th�.
Pour la premi�re fois depuis longtemps, j'ai picor� dans un livre, je n'ai pris que ce que je voulais. Ca fait du bien de changer de pratique.

Soune

A l'heure o� les gens c�l�brent la Saint Valentin, d'autres parlementent sur l'amour. C'est qu'il est si facile de dire � je t'aime��
Roland Barthes s'est essay� � le dire pour expliquer ce faire. Les fragments d'un discours amoureux publi� en 1977 a pour ambition de donner voix � l'amoureux, cet homme qui, pour reprendre l'auteur, � parle en lui-m�me, amoureusement, face � l'autre � face � l'�tre aim�, qui lui � ne parle pas �. L'auteur s'attache avec ferveur � cet homme amoureux et construit pour ce faire une sorte de plaidoyer de l'amour en suivant une � m�thode dramatique � car l'amour s'apparente selon lui � une sc�nographie.
Pour cette � dramaturgie � d'un discours amoureux tour � tour dr�le, douloureux, juste, �mouvant et cynique, l'interpr�tation de Fabrice Luchini est magnifique. Avec Luchini pour voix, ce texte nous offre une autre pratique de la lecture. L'amoureux des mots qu'il est nous emporte. Son souffle nous guide. On suit son interpr�tation des mots. Parfois calme, sa voix s'enflamme soudain en fonction des �motions qui le traversent. Nous sommes assis chez nous. On se croirait rapidement au th��tre, �tant donn� que dans le noir absolu de notre intimit� la lumi�re appara�t et le texte se met en sc�ne sous nos yeux :
� le d�cor repr�sente l'int�rieur d'un caf�. Nous avons rendez-vous. J'attends� clame Luchini. � Dans ce caf�, je regarde les autres qui entrent, papotent, plaisantent, lisent tranquillement, eux, ils n'attendent pas. �
Un amoureux, nous dit-il, � est celui qui attend �. Et nous, nous attendons la suite, curieux. Avec lui, avec eux, Luchini et Barthes, nous devenons amoureux � notre tour�
Ce petit texte inclassable de Roland Barthes a suscit� fin des ann�es 1970 un engouement imm�diat et plan�taire. Ce petit livret que nous offre Barthes a d�contenanc� le public. Roland Barthes, intellectuel reconnu, �tait en effet connu pour ses �crits th�oriques. Professeur au Coll�ge de France, ma�tre fran�ais de la s�miologie, entre autres choses, il aimait jouer avec les mots et �crivait souvent des textes non facilement accessibles. Avec ce livret, rien n'est semblable � ce qu'il a fait jusqu'� pr�sent. S'il lui est effectivement arriv� d'�crire des textes complexes, celui-ci reste tout � fait abordable. le texte est tr�s bien �crit. Il aime manier les mots et �a se sent. Pour �tayer ses propos, il s'appuie sur les d�finitions tir�es du Littr� ou de romans: Proust, Goethe, Platon y passent. Il s'appuie �galement sur la psychologie et cite Freud�
Ces r�f�rences ne cr�ent pas une distance. Ce n'est pas professoral, bien au contraire. D�s qu'il parle d'amour, on se sent proche de lui. On ne le connait pas et pourtant, il parle � tous car il parle de v�cu, du v�cu humain. On se reconnait tous ici dans l'amoureux.
Jusque-l� impressionn�e par la r�putation de Barthes, je m'�tais ferm�e � l'auteur. Derni�rement, je n'ai pourtant pas h�sit� � d�couvrir cette figure fran�aise pour le partenariat que m'offrait Audiolib. J'�tais curieuse de voir la performance de Luchini, que je trouve riche de par son style, sa verve et son emphase, s'unir au texte de Roland Barthes.
Au travers de dix-sept courts chapitres, voici des textes choisis et lus par l'acteur dont l'intelligence et la finesse collent parfaitement au texte. On pourrait presque croire que le com�dien en est l'auteur.

Un tr�s beau cadeau � offrir ou � s'offrir. Je remercie � ce titre Audiolib pour cette collaboration et en particulier Chlo�.

R�sum� de la quatri�me de couverture :
D�crivant son projet pour Fragments d'un discours amoureux, Barthes pr�cise que � tout est parti du principe qu'il fallait faire entendre la voix de l'amoureux �. D'o� le choix d'une � m�thode dramatique � : ici, pas de th�orisation de ce discours amoureux, mais sa seule expression. � C'est un portrait qui est propos�, mais ce portrait n'est pas psychologique �; il se l'�cho de � quelqu'un qui parle en lui-m�me, amoureusement, face � l'autre,-l'objet aim�-, qui ne parle pas. � Un texte si juste qu'il retentit en chacun, longuement�
� C'est donc un amoureux qui parle et qui dit� �

Mon avis :
Un pianiste se fait entendre. Une ambiance feutr�e s'installe. Quelque chose est l�, tapi quelque part. Nous attendons quelque chose. Un concert, une prosodie ou une pi�ce de th��tre peut �tre. Un concert de mots alors? Chut. Taisons-nous et �coutons la suite. Soudain, sans crier gare, quelqu'un parle. Un homme. Une voix pos�e articule � Attente �. Nous ob�issons, sur le qui-vive. Nous attendons� Puis la d�finition arrive et le piano se tait laissant seule voix au m�me homme:
� Attente : Tumulte d'angoisses suscit� par l'attente de l'�tre aim� au gr� de menus retards, rendez-vous, t�l�phones, lettres, retours �. Fabrice Luchini entre en sc�ne.

Roland Barthes note les �tapes par lesquelles l'amoureux passe. Il nous les expose, les conscientise et y ajoute par bribes des exp�riences personnelles, des observations qu'il a pu faire ou lire pour �tayer son propos. L'amoureux attend, s'angoisse, jalouse, d�clare, doute�. Roland Barthes nous offre ici un discours sur les diff�rents comportements li�s � l'amour. Dix-sept tableaux nous sont d�peints et Barthes prend un malin plaisir � nous offrir pour ce faire une jouissance narrative avec un texte qui d�borde de mots et d'�motions avant de laisser place au silence lorsque l'�tre aim� dispara�t.
Le portrait de l'amoureux est dress� ici. Qui est-il ? C'est un homme seul qui aime, qui se d�sole et se questionne et qui use � de mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots �. Les mots d'amour, nous dit-il, sont comme des caresses que l'amoureux utilise � loisirs, des caresses douces, mais difficiles car le langage amoureux se fait petit-�-petit, par � fragments �.
Petit-�-petit, l'amour se d�guste. Et on en redemande parce qu'il est plein de vie. Il se vit. Il d�borde de vie. � C'est un amoureux qui parle et qui dit �, c'est un amoureux qui joue avec les mots, un peu comme un acteur d'une pi�ce de th��tre. Il d�guste la vie. Il d�guste les mots d'amour. L'amour se vit comme une pi�ce de th��tre. L'amour est un divertissement n�cessaire � la vie. L'amour se vit. le th��tre aussi et l'auteur sans conteste parle de ce qu'il a v�cu. Qui ne se reconnait pas en effet dans ses mots ? Nous avons tous attendu, aim�, nous nous sommes tous angoiss�s pour l'�tre aim� Roland Barthes peint ici notre histoire � tous de mani�re tr�s litt�raire. C'est si intimiste, si intemporel et en m�me temps si multiple. L'amour est multiple. le � je � du narrateur, de l'amoureux, est multiple. Il pourrait �tre vous, eux, toi, lui ou elle. Ce texte d'une tr�s grande qualit� s'�coute, se lit d'une traite et/ou par touches, seul(e) ou avec l'�tre aim�. Il est pour moi une tr�s belle d�claration d'amour.
Fabrice Luchini montre tout son talent de conteur, d'amoureux, d'acteur et d'homme plein de vie. Il r�ussit � transmettre toutes ses �motions aux mots de Roland Barthes. Avec lui, le pouvoir de l'amour, ses avantages et ses inconv�nients se vit merveilleusement bien. Son souffle se fait plus court, plus passionn� et plus dynamique par moments, le tout avec une diction parfaite. On sourit quand on l'entend parler des faiblesses de l'amour. On n'a pas peur. On sourit. Les mots sont non seulement beaux, denses et �mouvants mais ils sont prononc�s avec une justesse surprenante qui donnent de la profondeur aux �motions. Par exemple, lorsqu'il d�crit la jalousie, Luchini clame totalement impliqu�:
� C'est laid, c'est bourgeois la jalousie, c'est un affairement indigne, un z�le et c'est ce z�le que nous refusons. Comme jaloux, je souffre quatre fois ; parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l'�tre, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que je me laisse assujettir � une banalit�. Je souffre d'�tre exclu, d'�tre agressif, d'�tre fou et d'�tre commun. �
Nous, spectateurs, ne restons pas insensibles. C'est alors impossible.
Fragments d'un discours amoureux au th��tre ? Evidemment, cela ne fait pas un pli.
�Au th��tre, il n'y a rien � comprendre, mais tout � sentir � disait Louis Jouvet. En effet.
Une tr�s belle pi�ce de th��tre donc qui se joue � l'infini, � l'image de ce livre-audio que l'on est oblig� d'�couter tranquillement et plusieurs fois pour s'impr�gner du texte, l'appr�hender, pousser la r�flexion plus loin et s'entendre d�clamer : � je t'aime � sous un nouveau jour.

Lien : http://aupetitbonheurlapage...

+ Lire la suite

MEGNIGBETO

Omon-mi (mon enfant) d'Ousmane Aledji: l'humanisme peut-il �tre l'apanage d'une culture?
Le nom Ousmane Aledji sonne au B�nin, particuli�rement th��tre. le doute est lev� tout de suite, car, acteurs de la chose litt�raire, dramaturges, spectateurs, t�l�spectateurs et auditeurs re�oivent ce nom comme un nom de la m�me famille que le th��tre. Son ascension r�cente � la t�te de la structure fa�ti�re du th��tre b�ninois (FITHEB) en est une grande illustration. Mais depuis 2002 o� il a servi Cadavre mon bel amant aux �ditions NDZE, le silence au niveau de ses publications est rest� plus qu'assourdissant. Un silence mal rumin� par ses lecteurs qui peuvent d�sormais se r�jouir de Omon-mi (Mon enfant), co-�dit� par les �ditions Plumes Soleil et Artistik Editions. de quoi est-il question ?
Omon-mi (Mon enfant) restera une pi�ce de th��tre unique. Les th��trologues classeront difficilement la pi�ce dans une cat�gorie pr�cise. Toujours est-il que cette pi�ce de 100 pages sort des sentiers battus et bat en br�che plusieurs r�gles du th��tre, � commencer par celle des trois unit�s, action, temps et lieu.
L'ACTION
La pi�ce raconte une histoire prise en elle-m�me pour banale notamment dans certaines contr�es africaines. Un enfant qui na�t enroul� dans du placenta. Sacril�ge. Sacril�ge pour une tradition puriste respectueuse des lois de la nature qui n'accepte aucun enfant qui ne sort des entrailles de sa m�re indemne, la t�te en premier. Sacril�ge pour une tradition fid�le � ses principes, rejetant toutes modifications, toute autre mani�re de venir au monde consid�r�e tout de suite comme une anomalie. Sacril�ge donc qui m�rite une punition ad�quate. le refus d'existence. La mise � mort. Arrach� donc � sa m�re pour ce crime d'anomalie de sortie, l'enfant sera condamn� � �tre enterr� vivant par des adultes commis � la t�che. Malgr� la crise de conscience de l'un d'entre eux, les protestations de la m�re rebelle pour avoir d�j� mal ingurgit� le malheureux et mortel sort qu'on a fait subir � son autre enfant Albinos, le Dah, chef de la communaut� et ses conseillers n'ont pris autre d�cision que celle indiqu�e par la coutume, m�me au d�triment de l'une des pratiques de cette derni�re qui aurait permis de consulter l'avis des anc�tres. Une folie maternelle logique coiffe tout.
LE TEMPS
M�me si l'on pourrait difficilement rejeter les vingt-quatre heures d'action, le temps dans cette pi�ce n'est pas lin�aire. Il suit un rythme anachronique, fonctionnant comme un r�cit en analeps. La sc�ne s'ouvre sur un environnement nocturne, remonte aux actions de la journ�e, la naissance, le bapt�me, le conseil des sages, l'enl�vement, l'horrible inhumation, pour revenir � la m�me nuit et indiquer le cynisme de ces thaumaturges qui se saoulent apr�s avoir commis l'innommable. En dents de scie donc, le temps de cette pi�ce reste bien coll� � son temps historique, celle d'un monde qui malgr� son ouverture sur la modernit� reste bien attach�e � des pratiques qui s'endurcissent, et persistent. Mais la concentration du temps aussi en vingt-quatre heures, cette accumulation en un temps si r�duit pourrait traduire cet enfer, cet engrenage que la tradition fait subir aux parents qui ont le malheur de voir leurs enfants na�tre avec des normes autres que celles dict�es par la soci�t� ; comme si les parents pouvaient d�cider de la mani�re dont leurs enfants allait na�tre. Ce temps d'enfer est comparable � La parenth�se de sang �voqu�e par le c�l�bre dramaturge Sony labouTansy.
LE LIEU
Les lieux de la pi�ce sont loin de respecter la r�gle de l'unit�. le dramaturge lui-m�me pr�cise les divers lieux. de la for�t o� l'enfant a �t� enterr� � la boite Nelson bar, l'espace dans cette pi�ce est bien ouvert et multiple. A la naissance, l'enfant a re�u un bapt�me cons�quent chez ses parents qui ont re�u des visites. Il a �t� ensuite vol� donc a pu quitter chez ses parents pour �tre transport� par ses ravisseurs dans la for�t. Il a ensuite quitt� l'espace terrestre pour celui souterrain, puisqu'il a subi une inhumation indescriptible. Mais avant tout ceci, il a fallu que le Conseil si�ge pour d�cider de son sort. Ainsi, si le temps peut �tre compar� � un engrenage, il n'en est pas de m�me pour le lieu, ouvert pour des mouvements multiples. Mais toujours est-il que ces mouvements, loin d'�tre � l'avantage du personnage principal qu'est la m�re et de son enfant, sont � leurs d�pens.
L'action, le temps et le lieu forment donc un cercle tragique comme celui des tropiques d'Aliound'Alioum Fantour� pour mieux assommer, pas politiquement mais socialement l'individu.
Mais on prendrait mal la pi�ce si, avec le temps, l'action et le lieu on d�duit sans autres formes de proc�s qu'Ousmane Al�dji reste dans la m�me logique que Florent Couao-Zotti par exemple dans la nouvelle parue dans le recueil Poulet bicyclette et cie et intitul�e � L'enfant sorcier �, o� le nouvelliste sauve l'enfant des griffes de ses bourreaux, traitant la pratique de barbares. Ce serait mal lire la pi�ce d'Al�dji. En r�alit�, le dramaturge sort de ce sentier battu et propose � ces lecteurs une autre approche de ces critiques occidentales toutes formul�es dans le seul but d'indexer la seule Afrique comme couvant des pratiques barbares. L'horreur index� est-il uniquement imputable � une seule r�gion du monde ?
OMON-MI, UNE PIECE A THESE
La r�bellion de la m�re et sa folie sont loin d'orienter le lecteur vers une position d�nonciatrice des pratiques ritualistes. En r�alit�, le lecteur est progressivement orient� sur une analyse de la situation autre qu'une condamnation b�ate. On sait que l'une des raisons �voqu�es par le colon pour envahir le continent africain dans le but unique de s'emparer de ses richesses est l'�vocation de ces pratiques qui le confondent aux grands singes de la for�t �quatoriale. Claude L�vis Strauss, Gobineau� dans leurs rapports de voyage peignaient le Noir en noir. Il fallait insister sur la barbarie pour montrer la n�cessit� de nous leur apporter la Lumi�re, pr�texte � une colonisation sauvage. Est donc barbare, toute pratique culturelle venant de ces gens noirs, si noir que l'on pourrait se demander si Dieu si bon peut mettre une �me dans un corps si noir (Montesquieu). Les premiers �crivains africains tel que Paul Hazoum� � travers le pacte de sang ont donc servi de relai � ces th�ories colonialistes qui confortent la domination coloniale. M�me jusqu'� ce jour, il est clair dans l'entendement humain, que quand on �voque la barbarie, l'on pense d'abord au continent africain. En t�moigne plusieurs ouvrages et films condamnant l'Afrique.
Mais Al�dji ici, prend tout le monde � court. Loin de se contenter de condamner le fait, il ouvre ferme sa pi�ce sur une s�rie de questionnements. le lecteur est promen� un peu partout dans presque toutes les grandes capitales du monde o� des pratiques identiques ou pires sont monnaie courante.
� Dans les h�pitaux d'Acapulco, de New York, d'Abidjan, de Londres ou de Paris les mieux �quip�s du monde, on se d�barrasse des enfants sorciers, par centaines.
Dans certaines r�gions de la Chine, les foetus f�minins sont trait�s comme des ennemis de la R�publique. Ailleurs, des laboratoires souterrains se battent autour des cellules souches pour cloner 42 foetus en une heure. � p. 91-92.
Sous d'autres noms plus civilis�s donc, les m�mes pratiques se d�roulent, officiellement avec une l�gislation appropri�e. Mais pourquoi accepter et financer les avortements, pourquoi autoriser l'euthanasie, pourquoi cloner des foetus et s'en prendre dans le m�me temps aux africains qui s�lectionnent leurs nouveaux n�s ?M�me si Aledji n'approuve aucune des pratiques, il s'interroge quand m�me sur le droit qu'ont les uns de s'en prendre aux autres alors que dans le m�me temps ilsont les m�mes cultures meurtri�res ?
On comprend ainsi ais�ment cette s�rie de questions pos�e par l'auteur :
� Faut-il au nom d'un humanisme bienveillant, de la correction, de la morale et de l'�thique, laisser na�tre et grandir un enfant que l'on sait diff�rent, d�ficient handicap� ?
Nous sommes-nous entendus sur des ex�cutions excusables d'enfants ?
L'humain a-t-il le droit de s'arroger le pouvoir de vie de mort sur son semblable ?
Y a-t-il une culture plus humaine, plus humaniste, plus civilisatrice qu'une autre ? � p. 91
Cette s�rie de questions d�terminent la neutralit� que voudrait afficher Aledji, une neutralit� en r�alit� convertible en th�se respectueuse des pratiques de chaque culture.
UNE ECRITURE INNOVANTE
Cette sortie des sentiers battus ne se limite pas uniquement � la th�matique. L'�criture restera aussi innovante avec un d�coupage en 14 sc�nes sans actes. le lecteur d�couvre aussi des r�pliques ordinaires similaires � celles que l'on pourrait d�couvrir dans un r�cit romanesque. Une attribution de parole dans un dialogue th��trale extraordinaire o� le ne voit pas �crire le nom des personnages mais o� l'on d�couvre juste des tirets de dialogue. L'on note aussi la pr�sence de personnages comme le narrateur qui raconte effectivement les faits et la pr�sence de sc�nes avec pour seul contenu une didascalie.L'on pourrait cependant d�plorer la pr�sence abondante de didascalies surtout au niveau des d�buts de sc�nes. Un constat qui s'�loigne du nouveau th��tre qui se veut respectueux du metteur en sc�ne, libre dans ses retouches et orientations de la pi�ce.
Au total, Aledji renoue avec les publications, avec une grande innovation et enchante la dramaturgie b�ninoise avec une orientation pertinente d'un sujet sociologiquement capital : omon (enfant).
Anicet Fyoton MEGNIGBETO

+ Lire la suite

Elisanne Elisanne 13 f�vrier 2011

�L�entretien �

� Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l�autre. C�est comme si j�avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de d�sir. L��moi vient d�un double contact : d�une part, toute une activit� de discours vient relever discr�tement, indirectement, un signifi� unique, qui est � je te d�sire �, et le lib�re, l�alimente, le ramifie, le fait exploser (le langage jouit de se toucher lui-m�me) ; d�autre part, j�enroule l�autre dans mes mots, je le caresse, je le fr�le, j�entretiens ce fr�lage, je me d�pense � faire durer le commentaire duquel je soumets la relation.�

+ Lire la suite

bibliotheque-gemeaux bibliotheque-gemeaux 26 septembre 2012

"Suis-je amoureux? - Oui, puisque j'attends." L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer � celui qui n'attend pas; j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard; mais, � ce jeu, je perds toujours: quoi que je fasse, je me retrouve d�soeuvr�, exact, voire en avance. L'identit� fatale de l'amoureux n'est rien d'autre que: je suis celui qui attend.

Elisanne Elisanne 12 mai 2010

Savoir que l�on �crit pas pour l�autre, savoir que ces choses que je vais �crire ne me feront jamais aimer de qui j�aime, savoir que l��criture ne compense rien,ne sublime rien ,qu�elle est pr�cis�ment , � l� o� tu n�es pas,�
c�est le commencement de l��criture��

Harioutz Harioutz 09 juin 2019

La r�sistance du bois n�est pas la m�me selon l�endroit o� l�on enfonce le clou : le bois n�est pas isotrope.
Moi non plus; j�ai mes � points exquis �. La carte de ces points, moi seul la connais, et c�est d�apr�s elle que je me guide, �vitant, recherchant ceci ou cela, selon des conduites ext�rieurement �nigmatiques; j�aimerais que l�on distribu�t pr�ventivement cette carte d�acupuncture morale � mes nouvelles connaissances (qui, au reste, pourraient l�utiliser aussi pour me faire souffrir davantage).
Pour trouver le fil du bois (si l�on n�est pas �b�niste), il suffit d�y planter un clou et de voir si cela s�enfonce bien.
Pour rep�rer mes points exquis, il existe un instrument qui ressemble � un clou : c�est la plaisanterie : je la supporte mal.
L�Imaginaire est en effet une mati�re s�rieuse (rien � voir avec "l'esprit de s�rieux" : l�amoureux n�est pas homme de bonne conscience) : l�enfant qui est dans la lune (le lunaire) n�est pas joueur; je suis de m�me, ferm� au jeu : non seulement le jeu risque sans cesse d�effleurer l�un de mes points exquis, mais encore tout ce dont s�amuse le monde me para�t sinistre; on ne peut me taquiner sans risques : v�ritable susceptible ?
Plut�t tendre, effondrable, comme la fibre de certains bois.

+ Lire la suite

monalisa13 monalisa13 20 juillet 2010

attente:passe temps mill�naire de l'humanit�.
un mandarin �tait amoureux d'une courtisane."je serai � vous dit-elle lorsque vous aurez pass� cent nuits � m'attendre assis sur un tabouret dans mon jardin, sous ma fen�tre"
mais � la quatre-vingt-dix- neuvi�me nuit, la mandarin se leva pris son tabouret sous son bras et s'en alla.

Coloriage Écarter Les Bras D'amour

Source: https://www.babelio.com/livres/Barthes-Fragments-dun-discours-amoureux/6122

Posted by: wellsuplits00.blogspot.com

0 Response to "Coloriage Écarter Les Bras D'amour"

Post a Comment

Iklan Atas Artikel

Iklan Tengah Artikel 1

Iklan Tengah Artikel 2

Iklan Bawah Artikel